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Du 16 octobre 2011 au 22 novembre 2011

L'île Rouge

Madagascar

Du 16 octobre 2011 au 22 novembre 2011

Automne 2013, je me décide à faire le récit de notre voyage à Madagascar ; j’entends des voix : « Hé bien ! Il en a fallu du temps » Il y en a même qui l’attendait pour organiser leur voyage. Quelles excuses pourrais-je avancer ? Pas le temps : pas crédible pour une retraitée. Pas envie de revivre les galères : il y a eu de bons moments et de belles rencontres (me suggère J.J). Je n’arrive pas à remettre la main sur mon carnet de voyage : .mince J.J sait où il se trouve. Une année 2012 bien remplie avec la naissance de jumeaux chez notre fille et les travaux que l’on a faits dans notre appartement. Et finalement je m’y remets car il faut bien que j’occupe mes journées ; en effet une triple fractures de la cheville m’immobilise depuis 2 mois et avant que je puisse à nouveau arpenter, ne serait- ce que les rues de ma ville, il y a de l’eau qui va couler sous les ponts. Donc les projets de voyage pour cette année sont annulés. Alors revenons à l’automne 2011 !

L’idée de cette destination trottait dans la tête de Jean-Jacques depuis 2009 ; après mon expérience du Pérou et les événements politiques qui ont secoué la Grande Ile, ce projet était en sommeil. Après 2 voyages en Asie, j’ai donné mon accord pour l’achat des billets d’avion. Le fait que l’on pourra parler français me reposera ; J.J pourra négocier sans problème ; ce sera aussi l’occasion de s’approcher du continent africain, même si Madagascar est un mélange de populations issues de différents courants d’immigrations venant d’Afrique mais aussi d’Asie.

Dès le moment où l’on a annoncé notre destination, réservé notre avion, nous avons entendu beaucoup de propos alarmistes concernant la sécurité à Mada ; de quoi me démotiver (il ne m’en faut pas beaucoup) Même dans l’avion, des malgaches rentrant au pays pour les vacances, nous mettaient en garde et nous déconseillaient de prendre des taxis-brousses ; Mais les dés sont jetés alors AKUNA MATATA (pas de problèmes).

TONGA SOA à Madagascar (Bienvenue)

Après 10h15 de vol, on arrive à Tananarive à 23h. L’hôtel où l’on a réservé "Le Sakamanga" nous a envoyé un taxi. On traverse les banlieues de la capitale, sous la pluie, les maisons font triste mine ; je dirai même que c’est lugubre ; c’est vrai, il pleut et il fait nuit. Le chauffeur nous questionne sur nos projets et lui aussi nous déconseille les taxis-brousses ; il nous fait franchement peur, il finit par nous proposer ses services de chauffeur pour un circuit. On accepte un rendez-vous pour écouter ses propositions.

ANTANANARIVO (1300m d’altitude)

Capitale de Madagascar (Tana pour les intimes!) Polluée, bruyante et poussièreuse, Antananarivo séduit rarement d'emblée. La ville possède pourtant un charme que, quelques jours suffisent à révéler.

Comme toujours, on passe 2/3 jours dans la capitale, histoire de s’acclimater ; comme dit Jean-Jacques, si on « survit » le premier jour, on peut continuer le voyage ! Et vu tout ce qu’on a lu et entendu sur Tana, il y a de quoi être inquiet. Le gérant de l’hôtel, un expatrié français, nous incite aussi à la prudence.

On part à pied en direction de l’avenue de l’indépendance, au centre-ville. Je constate que Jean-Jacques n’emmène même pas son appareil photo. D’ailleurs, il n’a pas tort, car plusieurs fois, des gamins des rues nous entourent, essaient de distraire notre attention avec un chapeau et un sac plastique en reluquant nos poches et même en passant les mains. Heureusement, nous étions avertis de ce manège et nous étions méfiants. Il faut dire que la misère est criante et que chacun se débrouille pour survivre ; en plus, il y a peu de touristes.

Le soir, on rencontre notre chauffeur de taxi : il nous propose 22 jours pour 700€+300€ de gasoil. On réserve notre réponse pour le lendemain ; bien sûr, c’est confortable, on a un bon feeling avec lui, mais c’est contraignant et surtout ça augmente considérablement notre budget et pour Jean-Jacques "Le bonheur n'est pas une destination, mais une façon de voyager."

Pour réfléchir, rien de tel qu’un bon repas ; on suit les conseils de Philippe : foie gras, confit de canard et steak de zébu …. Oui, oui, vous avez bien lu ! D’accord, ce n’est pas la nourriture de base des locaux, mais on ne sait pas ce que l’on mangera après Tana !

Une bonne nuit, et on opte pour le taxi-brousse, au moins pour la première étape ; il vaut mieux se rendre-compte par soi-même. On passe notre dernière journée à Tana : on visite le palais de la Reine qui a brûlé en 1995, et qui n’a en guise de palais que le nom ; il est en cours de restauration mais ce n’est pas un chef d’œuvre ; heureusement que l’on a pris un « guide » pour avoir quelques explications. On jouit d’un beau panorama sur la ville. On redescend jusqu’au lac Anosy bordé de magnifiques arbres aux fleurs violettes, les jacarandas.

A l’hôtel, nous faisons la connaissance d’un jeune couple, Nasser et Nadine, alsaciens qui sont déjà venus à Mada et qui nous rassurent sur les trajets en taxi-brousse qu’ils utilisent.

ANTSIRABE la Vichy malgache 169km 3h30 (1500 m d’altitude)

Notre itinéraire nous conduira vers le sud de l’île, donc nous allons à la gare routière du sud en taxi ; ce qui est étonnant, c’est la profusion de 4L, on a l’impression de faire un bond en arrière de quelques décennies ; en fait ce sont des voitures faciles à réparer (pas d’électronique) et économes en essence ; il faut dire que le litre vaut 1€ alors que le revenu moyen se situe à environ 20€ par mois ; c'est pour cela qu'il remplisse le réservoir aux compte-gouttes : juste ce qu'il faut pour le trajet ! Ha ! La gare routière du sud ! Il vaut mieux être prévenu ! Avant l’arrivée, la voiture est littéralement prise d’assaut par les rabatteurs des taxis-brousses ; Lorsqu’on descend, c’est une vraie foire d’empoigne pour essayer de nous récupérer en se saisissant de nos sacs à dos ; il ne faut pas avoir peur de s’imposer ; là je n’ai pas fait preuve de féminisme : « c’est lui le patron » en désignant mon cher et tendre ; comme ça, j’avais la paix. Jean-Jacques, avec son air impassible, a pris le temps de regarder l’état des véhicules et de jauger la hauteur des bagages sur les toits des taxis-brousses, avant de se décider ; plus il y a de bagages, moins il y aura d’attente. On se retrouve dans le même véhicule que les alsaciens. On est agréablement surpris : pas de surcharge, 15 places assises, une route goudronnée, la nationale 7 quand même et un véhicule plus confortable qu’on ne l’aurait pensé. Au rythme de la musique malgache, le paysage défile : zone montagneuse de hauts plateaux, terre rouge, rochers, pins (on se croirait au Colorado de Rustrel dans le Lubéron) puis des rizières et des cultures en terrasses. Il n’y a pas beaucoup de circulation qui est à droite, mais beaucoup de contrôles de la part de la police et de la gendarmerie nationale. Grâce aux européens (les wazahas) qu’il transporte, le chauffeur échappe aux bakchichs ; on est un peu son passeport.

A la gare routière d'Antsirabe, on est assailli par les conducteurs de pousse-pousse (posy posy) ;

Bienvenue à Antsirabe, la ville des pousse-pousse, ces moyens de locomotion qui dateraient de l’arrivée des Chinois à Madagascar, venus pour la construction de la ligne de chemin de fer au début du vingtième siècle. Aujourd’hui, ce sont des malgaches jeunes ou vieux, pieds nus, qui courent en tirant des pousse-pousse décorés de peintures plus ou moins pimpantes ; il y en aurait environ 3 500, massés aux gares de taxi-be, endormis à l’entrée des hôtels, autour du petit et du grand marché, stationnés sous les jacarandas avenue de l’Indépendance…

On en choisit 2, François et Roland ; on veut les ménager, on est chargé ; et, on a des scrupules ; de par notre couleur de peau, on a un peu l'impression d'être des coloniaux et d'abuser de notre statut ;mais les malgaches les utilisent aussi et eux ne font pas de sentiments ; ils doivent courir vite quel que soit le chargement ; avec nous c'est « mora mora » doucement, doucement. Pas de place à la guesthouse « chez Billy » ; il nous envoie chez le tonton « pension Sulby » : simple mais propre et pas cher.On part à la découverte de la ville à pied ; c'est une ancienne ville thermale, qui a gardé une ambiance particulière avec ses bâtiments datant de l'époque coloniale.
Le soir, on va manger avec Nasser et Nadine à L'Insolite, tenu par un couple franco-malgache, comme beaucoup d'hébergement et de restauration.
Ici le jour se lève tôt ; à 5h30, la ville s'anime. C'est un peu tôt pour nous !
La ville est renommée pour ses nombreux artisans ; François et Roland nous emmènent dans un atelier de fabrication d'objets en corne de zébu, de la sculpture sur bois, une fabrique de bonbons « chez Marcel », un atelier de fabrication de véhicules miniatures, broderie ; à chaque fois, on est époustouflé par la dextérité, l'inventivité des artisans, l'utilisation de matériels de récupération : pas de problème, ils savent recycler ( canettes de métal, tubes de perfusion périmés, fil de pêche).
Au cours de ce circuit, Jean-Jacques va expérimenter la place de tireur de pousse-pousse ; ce qui lui a permis de voir que ces engins sont bien équilibrés mais il a pris soin de choisir une portion plate, et lui n'était pas pieds-nus ; Roland, hilare, a pris la place du touriste.
Le lendemain, on change de moyens de locomotion, on enfourche 2 VTT pour faire le tour des lacs Andraikiba et Andranobe 25km), d'abord sur la N7 puis sur des pistes. Les paysages de rizières sont une mosaïque de couleurs dans les nuances de rouge foncé à rose ; on croise de nombreux villageois qui nous saluent d'un "salam" cordial ; les enfants expérimentent timidement le français appris à l'école en nous disant « bonjour » ; sur notre passage, le mot « wazahas » retentit comme une traînée de poudre.
On fait la rencontre d'un malgache, Jean de Dieu, qui a envie de discuter avec nous ;il avait travaillé pour un patron français qu'il estimait beaucoup ; il l'avait emmené à Paris pour un salon ; on le sentait très nostalgique de cette époque. Puis on s'est séparé, mais pas pour longtemps ; il nous attendait devant sa maison au village de Talata. Il voulait nous faire visiter sa maison, son univers avec ses animaux d'élevage ; il nous a présenté sa femme et ses petits-enfants. Ils ont absolument tenu à nous offrir une assiette de maïs et manioc. Ils nous ont installés comme des hôtes de marque dans le séjour/chambre à coucher et à notre grande surprise, ils se sont installés à la cuisine ; c'était vraiment dérangeant ! Au moment de partir, on leur a laissé un petit cadeau, et très émus, ils nous ont embrassés, les larmes aux yeux. Quelle belle rencontre !
On va quitter cette ville qui nous a beaucoup plu. On rejoint la gare routière qui est beaucoup plus calme qu'à Tana, en pousse-pousse ; et je tiens à préciser qu'il est vrai que pendant notre séjour on a été très sollicité par les tireurs de pousse-pousse qui ne concevaient pas que des blancs marchent à pied ; il y avait peu de touristes et c'est leur gagne-pain ; il nous est arrivé d'en utiliser alors qu'on n'en avait pas vraiment besoin ; mais à chaque fois, ils nous remerciaient de les avoir fait travailler !

AMBOSITRA on prononce Ambouchtr 90km, 2h, 1000 m. d'altitude

Sur le trajet, toujours de beaux paysages, couleur rouge, des terrasses, des rizières, puis le paysage devient plus minéral. On arrive à Ambositra qui est une ville assez étendue. Arrivés à la gare routière, on prend un taxi pour « l'Artisan Hôtel » ; on est un peu scotché : grand luxe, bungalow, gardien. Jean-Jacques ne m'a pas habituée à ce style d'hébergement ; sur le parking, des 4x4 et des bus de tour-opérator : ceci explique tout !
On va explorer la ville : c'est jour de marché ; il y a foule mais on ne passe pas inaperçu, on est les seuls vahazas : un sourire, un salama et tout le monde est content !
On trouve un taxi et un guide pour le lendemain, afin de visiter la région des Zafimaniry, plus exactement, le village de Antoetra ; c'est le seul village de cette ethnie (betsiléo) accessible en véhicule motorisé : 15km de route goudronnée, 27 km de pistes, en 4L tout terrain. Le chauffeur coupe le moteur à chaque descente pour économiser l'essence. Sur le trajet, on croise de nombreux villageois, endimanchés qui se rendent à la messe ; ils parcourent des km à pied et c'est l'occasion de s'échanger les nouvelles.
On s'arrête pour aller voir des chercheurs d'or au travail. Eux ne sont pas endimanchés ; des familles, hommes, femmes, enfants, creusent la terre, la tamisent en espérant trouver quelques paillettes qui amélioreraient leur quotidien.
On arrive au village, précédés d'autres touristes. Notre guide, Patrick, a 18 ans ; comme il est originaire de ce village, il nous en explique les particularités et nous conduit chez ses parents ; ce qui nous donne l'occasion de visiter une maison traditionnelle en bois ; l'intérieur est très spartiate ; le foyer est à même le sol ; et comme il n'y a pas de cheminée, la fumée s'échappe par les fenêtres. De nombreux sculpteurs sur bois nous sollicitent pour visiter leur boutique.
De reour à Ambositra, on voit beaucoup de monde aux alentours de l'église. Curieux, on entre et on assiste à un concert de chorales, certaines très professionnelles, d'autres plus populaires : rythmes Gospel ou rythmes africains. On passe un bon moment.

FIANARANTSOA 150km, 4h30, 1100 m. d'altitude

Évidemment, notre premier souci est de chercher un hébergement ; ils sont chers et sans charme ; finalement on opte pour une maison d'hôtes « le Raza hôtel » ; On pensait avoir trouvé un hâvre de paix ; la journée, oui mais la nuit, les chiens du quartier font la sarabande et le lit grince à chaque mouvement.
Visite de la ville-haute qui porte bien son nom car elle se situe à plus de 1300 m d'altitude : c'est le centre historique. Plusieurs ados se proposent pour nous servir de guide ; on fait affaire avec Mamia, une collégienne de 13 ans qui connait bien son affaire ; après le tour de la ville, elle nous emmène à l'école publique où son père est gardien et sa tante institutrice ; plus de 50 élèves par classe ; la moitié s'y rend le matin, l'autre l'après-midi. On n'est pas dupe, cette visite n'est pas innocente ; les touristes peuvent apporter du matériel scolaire ; on va acheter des cahiers pour l'école et pour les collégiens qui nous accompagnent, dans les boutiques du secteur qui sont dévalisées par nos achats.
Après le petit déjeuner, grosse réflexion sur la poursuite du voyage ; au départ, on pensait descendre jusqu'à Tuléar ; on a déjà très chaud et au sud ça va être pire ; descendre en taxi-brousse, c'est une chose mais on voudrait remonter en avion et comme on n'a pas réservé on craint d'être obligé de refaire le même trajet. On ira seulement jusqu'à Ambalavao pour faire les parcs.

AMBALAVAO 55km, 1 h, 980m d'altitude

On arrive dans une bourgade de 25000h qui s'étire le long de la N7. On trouve une chambre « aux Bougainvillés » ; c'est une grosse structure où se rendent les tours opérators ; tant pis, le cadre est sympa. Le village est balayé par un vent chaud qui soulève une poussière rouge ;
C'est mercredi, on se rend au célèbre marché aux zébus qui se tient à 2km. On croise de nombreux villageois, apparemment, peu parlent français. Ce marché est très pittoresque ; on ne se sent pas vraiment les bienvenus, les conducteurs de zébus, membres de la tribu Bara, ne répondent pas spontanément à nos bonjours.
Il fait vraiment très chaud, 47 degrés. On trouve des cafards dans la chambre et en plus, je ne suis pas bien : non, non, pas une tourista ! Mais j'ai dû prendre froid ! Sans rire, pourtant, on n'a jamais eu la clim : éternuements à répétition, nez qui coule et fièvre.
Debout à 5h pour une excursion prévue au parc Anja. L'avantage de se lever tôt, c'est qu'il ne fait pas encore chaud, il y a même du brouillard. On ne peut pas visiter les parcs sans guide. On est donc pris en charge par Clovis et Tone. On est les premiers sur le site pour observer les lémuriens « Maki Kata ». Tout d'abord, on les aperçoit de loin dans les arbres puis ils se dirigent vers un petit lac pour boire. Ils sont habitués aux visiteurs et se laissent approcher ; cette rencontre est extraordinaire ; ils sont trop mignons. Le circuit dure 3h. Retour dans la matinée, je me repose pendant que J.Jacques va se balader dans le village pour faire des photos de scènes de vie. Il assiste à un combat de coqs, pas d'ergot métallique comme en Asie mais plus violent : ils s'étripent becs et ongles, la crête déchirée, les plumes sanguinolentes ; heureusement, à chaque round, un soigneur les éponge tel un boxeur.
Départ à 6h du matin en 4x4 pour 50km de piste en 3h en direction du parc de l'Indrinjata : pas de pitié ! Cette fois, nos guides s'appellent Patrick et Benianah. Le parcours nous conduit à 2 cascades. Ce n'est pas très dur mais il fait vite chaud ; heureusement que le rythme est mora-mora.

"moramora" se traduisant par doucement ou lentement.

 Rien d'exceptionnel mais cela fait du bien de se trouver parmi les arbres dans ce pays où les agriculteurs pratiquent la culture sur brulis et où la déforestation est intense.
Patrick nous a bien fait rire : lorsque les jeunes parlent de leur copine, ils parlent de leur « blonde ».

 Dans le même style, un journaliste, dans un journal local écrivait à propos de l'inauguration d'une école : « la cour était noire de monde ». Ils ont de l'humour ces malgaches !

Retour à FIANARANTSOA

4 jours plus tard, nous voici de retour à Fiana ; et pourquoi se compliquer, on retrouve la maison : je veux dire le «Raza hôtel» L'homme à tout faire, Roger, nous a gardé la même chambre. Ha ! On prend vite ses habitudes. Ça sent bon l'encaustique des maisons qui ont une âme. Quand je dis homme à tout faire, c'est : homme de ménage, jardinier, serveur pour le repas du soir ; même s'il a fini son travail ; il ne doit pas rester inactif ; il doit toujours donner l'impression qu'il travaille pour l'équivalent de 9€ mensuel, 7jours/7 avec 2 h de liberté le samedi a.m.C'est peu, mais il est logé, nourri et le salaire moyen est de 28€.
On a réservé une voiture avec chauffeur pour aller au parc de Ramanofana, car le taxi-brousse est aléatoire pour le retour. Une bonne heure et demi de trajet et c'est parti pour 4h de marche dans la forêt primaire tropicale, avec un guide et un rabatteur (qui repère les lémuriens). Apparemment on est chanceux (mais c'est peut-être pour le pourboire) car on en découvre 4 sortes : le lémur doré, le lémur fauve, le lémur à ventre roux et le propithèque Sifaka : ces rencontres sont magiques ! On découvre aussi des lézards multicolores, des lézards feuilles, des scarabées-girafes, des phasmes et quelques plantes médicinales.Ce sont des journées qui augmentent nos dépenses de 55€ (taxi,parc+guides) mais ça vaut vraiment le coup.
Au retour, on s'arrête à la boutique du célèbre photographe Pierrot Men (il expose en France) ; nous avons eu l'honneur de le rencontrer et parler photos. On adore ce qu'il fait !
Ensuite on va réserver nos places pour le fameux train qui relie Fiana à l'océan indien. On ne peut pas réserver d'avance car ils veulent s'assurer d'abord qu'il a pu remonter ; ce serait trop compliqué de rembourser : 1 jour pour l'aller, 1 jour pour le retour pour faire 163km.

Voyage en T.G.V Train à Grandes Vibrations

LE TGV MALGACHE : C’est un trait d’union entre Fianarantsoa, sur les hauts plateaux, et Manakara au bord de l’océan indien. Son nom officiel c’est le « Fianarantsoa-Côte-Est » (FCE), mais les Malgaches préfèrent l’appeler TGV « Train à Grandes Vibrations ». Cinq fois par semaine, le TGV malgache parcourt 163 kilomètres en 9h00… Une ligne de chemin de fer improbable, construite au début du XXe siècle par les colons français avec des rails confisqués aux allemands en 1918. La vie de près d’un million de villageois est suspendue à ce convoi dont le trajet est chaque jour un peu plus périlleux…

Debout à 5h30, j'ai toujours dit que les voyages ce ne sont pas des vacances. La gare est une vraie fourmilière ; en tant que touriste, on nous a vendu des billets première classe ; pas le choix, comme cela, on paie le tarif haut de gamme. Le vrai privilège, c'est que l'on a de l'espace, alors que dans les autres wagons, les autochtones sont tassés.
Ce trajet est une incontournable découverte. 17 arrêts, plus ou moins longs, ponctuent le parcours. Chaque arrivée dans les villages enclavés le long de la voie ferrée provoque une agitation haute en couleur ; les habitants proposent leurs spécialités qui varient tout au long du parcours : beignets divers, poivres, écrevisses, fruits et à l'approche de l'océan des poissons. Ce train est souvent le seul lien avec la ville ; il est vital pour certains ; des villageois ont amené une jeune femme inconsciente dont l'accouchement se passait mal. On a pu déplorer le voyeurisme de certains touristes qui faisaient des photos : indécent !!! Heureusement on a rencontré aussi un jeune sympa, Damien ; au fil de la conversation (on a eu le temps), on a découvert que ce parisien connaissait notre région, même Bény (750 habitants) où il était venu voir un copain d'étude.
Le train franchit 67 ponts (non, je ne les ai pas comptés) et 48 tunnels (ceux-là non plus !) et se déplace cahin-caha dans un crissement de métal ; les roues patinent et d'autres bruits inquiétants se font entendre, surtout dans les descentes.
Les 10 heures de trajet sont agrémentés par des paysages variés, dans une atmosphère souvent brumeuse : forêts tropicales, arbres du voyageur, villages, rizières et au final, on traverse même la piste de l'aéroport de Manakar, qui, heureusement, n'est plus en activité.
A l'arrivée, Damien nous fait profiter de sa voiture avec chauffeur pour nous conduire à l'hôtel « Vanille » et nous prolongeons le plaisir de cette rencontre en partageant le repas.

Manakara

Nous ne pouvons séjourner qu'une nuit à l'hôtel, alors nous déménageons aux « Bungalows Antémoro ». Waouh ! On n'y perd pas au change même si c'était bien. Là, c'est carrément paradisiaque ! Bungalows récents et très confortables, au bord de l'océan qui gronde : ses rouleaux impressionnants interdisent toute baignade, de toute façon si tu ne te noies pas, les requins te guettent. Donc, on s'abstiendra ! Les cocotiers bordent une interminable plage de sable blanc occupée par ...... des zébus. Avec la brise marine, je revis.
On va poster le courrier et je pense qu'à cause de moi, le postier a été surbooké : 16 lettres à timbrer et apposer un cachet au rythme mora-mora.
Notre hébergement est excentré de la ville, 1km, donc le propriétaire propose une restauration le soir : on se régale avec ......un gratin dauphinois ! A la nuit tombée, de notre terrasse, on se croirait au pays des fées : des centaines de lucioles virevoltent dans l'obscurité. La nuit, la pluie tombe pour le plus grand bien de la végétation ; elle bruisse de plaisir.
Comme d'habitude, à peine arrivé, il faut prévoir la suite du voyage ; on réserve un taxi-brousse pour Manandjari, puis on se promène dans le centre-ville. Quand on dit « centre-ville », j'ai toujours une vision occidentale qui ne correspond pas. Sur le front de mer, de vieux bâtiments en dur, qui ont peut-être eu leur heure de gloire, dressent leurs façades fantomatiques ; ceux qui sont restés à peu près en état abritent des administrations ou des banques.

Manandjari port de départ du canal des Pangalanes

Ce matin, grand luxe, le taxi-brousse vient nous prendre sur place, en plus il est en bon état. Ça aurait été parfait si l'on n'avait pas été littéralement écrasé par un malgache d'au moins 120kg pendant 4h de trajet. Heureusement que l'on avait réservé l'hôtel car tout est complet : c'est la Toussaint ! L'hôtel « Yvonne » est sympa mais un peu excentré et le propriétaire charmant. Notre priorité est de s'organiser pour remonter le canal jusqu'à Manahore car on ne dispose que d'une nuit à l'hôtel. Les possibilités sont restreintes : soit on prend l'option agence « Route des épices » super organisée, confort mais tarif en conséquence, ou on se débrouille. Très peu prennent cette option car c'est très aléatoire ; on sait que c'est possible car Philippe et Bruno l'ont fait l'an dernier donc « We can do it !» Il n'y a pas de service régulier, il faut trouver une embarcation et pour cela, il faut trouver l'embarcadère. Pas facile, on ne parle pas malgache. On finit par le dénicher. Ce n'est pas vraiment ce à quoi on pouvait s'attendre : un chenal glauque et au bout un « bateau » d'allure peu engageante ; en fait une péniche qui après avoir déchargé son fret, embarque des voyageurs pour ne pas remonter à vide. On se met d'accord tant bien que mal avec l'équipage du Tsanadaria qui part le lendemain matin.
Dans cette ville, il y a aussi beaucoup de pousse-pousse, mais ils ne se bousculent pas pour prendre des clients : soit c'est trop loin, soit c'est trop tôt. Il y a aussi une prison avec 450 détenus (hommes, femmes, enfants). A mon avis, il vaut mieux ne pas y être confronté ; les familles doivent les nourrir sinon ils comptent sur la générosité publique, on voit des urnes dans les commerces : je ne suis pas certaine que ça marche vraiment !

Le canal des Pangalanes

Le canal des Pangalanes un voyage dans le temps car rien n’a changé depuis un siècle.

On s'embarque sans savoir le temps que va prendre ce périple ; cela va dépendre du trafic des péniches. Le Tsanadaria est bondé ; après les fêtes de la Toussaint, les villageois regagnent leur village, nous sommes les seuls wazahas à bord avec un autre couple de haute Savoie.
Dix heures, au fil de l'eau, avec des arrêts dans les villages qui bordent le canal pour prendre ou déposer des autochtones. A chaque manœuvre, je stresse car le bateau est souvent pris dans le courant et l'équipage ne maîtrise pas vraiment la trajectoire, ils ont du mal à le remettre dans le courant. A bord, l'ambiance est bon enfant. A midi, un membre d'équipage collecte du riz auprès des familles pour préparer le repas avec les légumes qu'ils ont embarqués. On n'a pas prévu, mais de toute façon, on préfère manger notre pique-nique car tout est préparé avec l'eau du canal où les gens et les animaux se côtoient pour différentes activités.
On arrive à Nosy Varika à 17h30, dans un village du bout du monde ravitaillé uniquement par les bateaux qui accostent. L'hébergement est sommaire mais pour ici c'est le luxe ; l'eau est puisée dans le puits avec une pompe, à condition que le générateur fonctionne et à 9h, c'est extinction des feux. La propriétaire, Caroline, nous prépare de quoi nous restaurer. Le souci est de trouver une péniche pour poursuivre notre voyage. Caroline nous propose de nous prévenir le lendemain matin si, bien que ce soit dimanche, une péniche accoste.
Le lendemain matin, on nous annonce que 2 bateaux ont accosté ; on se rend au port pour se renseigner et négocier le transport. On a une heure pour rassembler nos affaires, déjeuner et acheter de quoi se restaurer. On embarque à fond de cale avec une dizaine de malgaches et les savoyards pour 2 jours de navigation. Jean-Jacques a beau dire qu'il m'offre une croisière, on n'a pas les mêmes références : je parlerai plutôt de galère ... A vous de juger ! Tout d'abord, la péniche est propulsée par un moteur à gasoil, extrêmement bruyant et fumant : un matelot a la charge de prendre de l'eau dans le canal pour verser dans un tuyau pour refroidir le moteur. De temps en temps, nous devons nous déplacer à l'arrière du bateau pour faire contrepoids. A un autre moment, on accoste pour que les matelots chargent du sable pour alourdir l'embarcation. On comprend vite pourquoi : on arrive sur un grand lac, très venté. Le bateau balloté par les vagues ressemble à une coquille de noix. Par précaution, le capitaine décide de rejoindre la rive ; passagers et hommes d'équipage descendent dans l'eau pour tirer le bateau jusqu'au bord. Un passager, qui est professeur de français, nous traduit les consignes. Nous devons rejoindre un village de l'autre côté du lac, à pied en attendant qu'il y ait des conditions plus favorables pour la traversée du bateau.
Il est midi, nous voilà partis à la queuleuleu sous un soleil de plomb, ne sachant pas vraiment où l'on va ; notre objectif est une colonne de fumée au loin ; on marche 2 heures. On arrive au village ; les habitants ne sont pas étonnés de nous voir et ne font pas de cas de cette visite inopinée. On squatte une plage de sable blanc à l'ombre d'un cocotier. Idyllique ! Non ! Nos compagnons de voyage nous mettent en garde contre les chutes inopinées de noix de coco. On partage nos boites de sardines et nos tomates. Nous sommes quand même inquiets, car nous avons laissé nos gros sacs dans le bateau et s'il n'arrive pas à traverser, on est un peu démuni. Finalement « Le Bagdad » nous récupère. Il ne reste que 2 h avant la nuit ; il a pris beaucoup de retard. Initialement, il était prévu que l'on devait passer la nuit à l'hôtel des Pangalanes mais on ne l'atteindrait qu'à minuit pour repartir à 4h : on décide de faire comme les malgaches, dormir pendant que la péniche poursuit sa route. Mon souci est de savoir comment le pilote va pouvoir naviguer dans l'obscurité : pas de problème, il va naviguer à la clarté de la lune m'explique le professeur ; le problème c'est qu'il y a de gros nuages, donc pas de clair de lune, une nuit d'encre ! Mais le pilote connait le canal comme sa poche donc faisons confiance.
Après un repas sommaire, tous les passagers se préparent pour la nuit. Je me glisse dans mon duvet, pas pour le froid mais pour se protéger des moustiques ; en quinconce, à fond de cale ! Résignée, je pense à la petite chèvre de M. Seguin (sans rire) en me disant vivement l'aube ! Faut pas rêver, entre le manque de confort et le bruit du moteur, on ne dort pas vraiment !
Une halte à 2h30 du matin, pour permettre aux hommes d'équipage de prendre un peu de repos. On savoure le calme pendant 2 heures. Finalement, on nous propose d'accoster pour prendre un taxi-brousse qui nous permettra de rejoindre Mahanoro en 30 minutes au lieu de 2 h en bateau. Durant ce trajet, nous avons eu à déplorer le mépris et la vulgarité de l'autre couple de français  vis-à-vis des malgaches ; en voyant un tel comportement, sur lequel on ne s'étendra pas, on comprend pourquoi les wazahas ne sont pas toujours bien vus.
Je ne suis pas mécontente de retrouver la terre ferme. Quant à Jean-Jacques, il est heureux : son esprit d'aventures a été comblé! Il est vrai que c'est une bonne façon de côtoyer le quotidien de la population, mais en ce qui me concerne, le stress ne m'a pas permis de « savourer » cette opportunité. Financièrement, on peut dire que cette croisière a été très économique !

TAMATAVE ville portuaire de 180 000 habitants

On arrive dans l'après-midi, fatigués, en ce qui me concerne, exténuée, serait plus exact ; heureusement on a réservé dans une guest ; il ne reste plus qu'à trouver un cyclo-pousse. Là aussi c'est la foire d'empoigne ; et ils essaient de nous rouler en parlant en francs malgaches au lieu des ariarys en vigueur depuis 2005. En fait, ils proposent la course à 10 000 sans préciser que c'est en francs malgaches, en espérant que l'on paiera 10 000 ariarys ; il faut donc dire que l'on paiera 2000 ariarys. Jean-Jacques fait affaire avec un conducteur ; au bout d'un moment, il a l'air un peu perdu. On appelle la guest (hé oui on s'est acheté un téléphone portable pour se simplifier la vie) afin qu'elle lui explique l'itinéraire. A ce moment, il nous demande de lui régler la course ; ce n'est pas aux vieux singes que l'on apprend à faire la grimace ! Ce sera à l'arrivée ! Finalement, il trouve, mais contre toute attente, il passe tout droit ; heureusement, on a l'œil, on a vu la pancarte et un gardien nous attend à l'entrée ; il prend un des sacs pendant que Jean-Jacques. Règle la course. Mais problème, le cyclo exige 10 000 ariarys et se cramponne au 2ème sac. Délicat de faire un esclandre en pleine rue ; il n'y a pas moyen de se mettre d'accord ; fatigués, on lui donne en récupérant notre sac. La propriétaire, informée par le gardien, nous dit qu'on ne s'en sort pas trop mal mais qu'elle aurait dû nous prévenir de ne pas prendre de transport à la gare routière car les arnaques sont fréquentes : donc avis aux voyageurs !
« Maeva guesthouse » est un vrai havre de paix, après 3 jours de périple. Des bungalows entourent un petit jardin et la propriétaire est une femme accueillante. On opte pour prendre nos repas du soir sur place, ce qui nous permet de goûter à des spécialités familiales malgaches La douche est plus que bienvenue ! On fait la connaissance d'une famille originaire de la région parisienne avec un petit garçon très attachant, Guillaume, que l'on retrouvera sur l'île Sainte-Marie et l'île aux Nattes.
Le lendemain, on visite la ville qui n'est pas transcendante, de larges avenues plantées de cocotiers et de grands bâtiments coloniaux délabrés. On trouve un cyber café qui nous permet de donner des nouvelles et d'en recevoir. Ensuite, on organise la suite de notre séjour : réserver le transfert jusqu'à l'île Sainte-Marie (mes vacances) et pour le retour sur Tana, on opte pour l'avion, on en a assez des taxis-brousses et il vaut mieux passer du temps sur la plage ! D'autant plus que pour m'achever, j'ai pris un lumbago !

L'île Sainte-Marie

Pour rejoindre l'île, on a choisi la facilité ; Jean-Jacques a compris qu'il fallait me ménager, même si cela a un coût. Donc, on a contacté l'agence « Sainte-Marie Tours » pour la réservation de l'avion, le transfert en bus confortable (3h) jusqu'au port de Soanierana-Ivongo et un bateau fiable pour traverser la passe qui peut s'avérer dangereuse. Bien nous en a pris ; il est recommandé de traverser le matin ; nous étions au bateau à 9h30 ; mais il a fallu attendre un groupe de touristes voyageant avec un tour-operator. Finalement, on a pris la mer à 14h. Au bout d'un quart d'heure, la plupart vomissait ; la mer était démontée, le bateau avançait en crabe et au lieu de mettre 1h, on a mis le double. Décidément, je ne suis pas faite pour les croisières, du moins celles que me propose J.Jacques. Je nous bénis d'avoir réservé un avion pour le retour.
L'hôtel « Atafana » dans le nord de l'île : des bungalows confortables espacés, sur la côte ouest, en bord d'océan avec de la verdure ; C'est un peu retiré mais ce n'est pas pour nous déplaire. On a 10 jours devant nous ; c'est peut-être beaucoup ; on aurait pu prendre plus de temps pour le circuit mais ce n'est pas facile de calculer avec les déplacements aléatoires en taxi-brousse ; au moins ici, je vais récupérer et je vais me la jouer façon « polynésie » ! D'ailleurs le nom malgache de l'île est Nosy borahas , ça fait penser à Bora-Bora, non ? Donc farniente et baignade. Les découvertes, on en a assez fait.
On va quand même explorer l'île d'ouest en est à travers la forêt tropicale avec un guide, Didier, particulièrement atypique : il est handicapé, il a une malformation au pied gauche (pied bot) et il est amputé du pied droit, il a une prothèse de fortune faite avec un tube PVC ; Il nous donne une formidable leçon de vie. C'est lui qui s'adapte à mon rythme mora-mora ; il grimpe même à un arbre pour cueillir des fruits ; il a une grande connaissance en botanique et plantes médicinales qu'il partage avec nous avec une grande pédagogie ; on hume, on goûte, on touche : cannelle, eucalyptus, bétadine, café, clou de girofle, vanille, poivre, l'eau de l'arbre du voyageur (d'où son nom) et les plantes pour soigner la toux, la diarrhée, pour donner de l'énergie. A la fin, il fait même un test pour voir ce que l'on a retenu ; ça va, je ne suis pas trop mauvaise élève !
On se déplace un peu plus au sud. On se balade dans la « capitale » Ambodifotatra (on prononce Ambodifoutr) ; on n'a plus l'impression d'être à Mada ; c'est très « wazahas » et les filles sont très à la mode. On est souvent sollicité pour donner des vêtements, des médicaments. La visite du cimetière des Pirates est l'occasion d'un petit tour en pirogue ; il ne reste que quelques tombes qui tiennent à peine debout ; les cyclones et les voleurs ont un peu tout dévasté.

L'île aux Nattes

C'est notre dernièr lieu de villégiature, sur les conseils de Philippe et Bruno, nous avons 4 jours ; cela permettra à J.Jacques de se remettre d'une mauvaise tourista ; hé ! Oui ! Pour une fois je lui en laisse un peu !Arrivés à l'embarcadère, une pirogue nous fait traverser et nous emmène directement chez « Sica ». C'est paradisiaque ! On a l'impression d'arriver sur l'île de Robinson Crusoé ; l'île est posée au milieu d'un lagon aux eaux turquoise translucides ; les plages de sable blanc bordées de cocotiers sont divines ! Il y a peu de touristes ; notre bungalow est spacieux et agréable, au bord de l'eau. En ce qui concerne les repas, le choix est restreint ; d'un côté chez « le baron » : un personnage qui vous accueille en vous faisant un baisemain, je ne suis pas habituée, surtout après 1 mois à Mada. Ce wazaha a construit un hébergement-restauration haut de gamme, les prix d'un repas sont aussi à la hauteur (50 000 ariarys=18€) évidemment si l'on compare à la France ce n'est pas excessif mais si on replace cette somme à l'économie du pays, c'est cher. Donc on ira plus souvent chez « Tarzan » : un autre personnage à l'opposé du Baron : il reçoit ses clients en slip, non pas de bain, mais de marque Eminence quand même ! Là c'est à la bonne franquette !
Durant ces 4 jours, on se baigne bien sûr, on fait du snorkelling, dans une eau à 35 degrés au moins ; ça ne nous rafraîchit même pas, mais on ne va pas se plaindre ! On explore ce petit bout de terre, 2,5 km sur 1,5km ; pas de route donc pas de voiture, des zébus, quelques petites rizières, un village et de nombreux hébergements pour touristes. On a vraiment l'impression d'être au bout du monde. D'ailleurs, pas d'électricité, juste des groupes électrogènes qui fonctionnent 3/4h le soir. En règle générale, à Mada, même quand elle existe, c'est toujours problématique, donc il vaut mieux avoir une lampe torche.

Retour àTana

L'aéroport de l'île Sainte-Marie est très spartiate ; après 1h30 de vol, avec quelques turbulences, on retrouve Tana et le Sakamanga ; et là, on se lâche : punch coco, foie gras, filet de zébu, même vin rouge ; on n'a plus l'habitude !
On passe notre dernière journée à faire du shopping au « Flamant rose » boutique d'artisanat équitable et on côtoie de nouveau la vraie misère.
Le lundi 21 novembre au soir, on part à l'aéroport sous une pluie diluvienne.

Quelques chiffres tirés du journal local « Madagasikara »

  • 10 femmes par jour meurent suite à des accouchements compliqués. Inaccessibilité aux centres de soin, coût des médicaments, personnel insuffisant.
  • Mortalité infantile : 2 enfants par heure meurent avant 1 mois, 4 enfants par heure meurent avant 1 an, 7 enfants par heure meurent avant 7 ans
  • Scolarisation et travail des enfants : des enfants travaillent dans le secteur minier, dans les usines, d'autres dans les rizières, les plantations de vanille et la prostitution.
  • Selon les chiffres de 2007 : 82% des enfants de 5 à 17 ans travaillent
  • Le prix du riz augmente inexorablement.

Quelques réflexions glanées ici et là

Certains nous envient notre école publique qui permet l'éducation de tous ; ainsi que nos bourses.
Notre système de santé les intéresse aussi ; on le comprend quand on sait que les soins s'arrêtent lorsque les gens ne peuvent plus payer et que les familles doivent rester sur place pour subvenir au quotidien de leur malade (nourriture).
La période coloniale avait du bon, car il y avait des capitaux qui permettaient à l'Etat d'entreprendre des actions pour le bien-être de la population.
Les décideurs n'ont qu'une vue intellectuelle de la pauvreté ; ils ne sont pas assez pragmatique.
L'avenir repose sur les jeunes et les nouvelles technologies mais c'est difficile de faire bouger les choses.