Au pays des temples d'or

Le Myanmar
En six semaines du 26 octobre au 6 décembre 2010
Jamais entendu parler ? Bien sûr que si ! L'actualité y revient fréquemment ; surtout cette année, avec la tenue d'élections législatives pour la première fois depuis vingt ans. Ça ne vous dit toujours rien ? Allez, je vous donne un autre indice : une dissidente célèbre, prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi (Je vous l'accorde, pas facile à prononcer). Vous y êtes ! Hé oui ! c'est la Birmanie qui a changé de nom depuis plus de vingt ans mais les journalistes français, canadiens et belges continuent d'utiliser ce terme ; d'où l'ignorance du mot Myanmar.
La date vous surprend aussi : partir en automne ! En effet, maintenant que nous sommes en retraite tous les deux (les veinards !) nous pouvons partir en dehors des vacances estivales ; les avions sont moins chers et les destinations plus ouvertes. C'est aussi la première fois que nous décollons de l'aéroport de Lyon ; c'est beaucoup plus confortable, car nous avons moins de transfert et donc nous partons moins tôt ; la fatigue se fera moins sentir. Pour simplifier encore, nous prenons la navette Bourg-aéroport Balad'Ain.
Munis de dollars, d'euros, des visas (ce n’était pas gagné vue la période électorale) des billets d'avion et pour la première nuit une chambre réservée à Bangkok (escale en Thaïlande), une autre à Yangon ou Rangoun (Myanmar) : les jalons sont posés pour 6 semaines (première fois que l'on part aussi longtemps)
Bangkok (Thaïlande).
Trois jours, pour récupérer du décalage horaire, et se remettre dans l'ambiance asiatique avant d'aborder le Myanmar.
Découverte de la capitale thaïlandaise : vue des berges, à bord d'un "long-tail boat" un bateau à longue queue ; on parcourt les canaux qui sillonnent la ville, qui est appelée la Venise asiatique. On voit défiler des maisons sur pilotis, des quartiers misérables, des temples éblouissants. De retour sur la terre ferme, on parcourt des kilomètres à pied, malgré les sollicitations des chauffeurs de tuk-tuk, pour visiter les temples et découvrir la ville.
Myanmar
"Dans le monde d'aujourd'hui, où les distances se réduisent, l'injustice et l'instabilité où qu'elles se trouvent sont un danger pour la justice et la stabilité du reste du monde"
Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix :
Née à Rangoon en 1945, secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), opposée à la dictature en place, elle remporte les élections générales en 1990, élections annulées par la junte. Elle ne peut exercer son activité politique, étant placée en résidence surveillée par la junte militaire au pouvoir, mais bénéficie d'un important soutien international (comme celui de neuf lauréats du prix Nobel) contre la junte birmane. En résidence surveillée depuis plus de sept ans (libérée le 13 novembre 2010).
Carte de notre parcours au Myanmar (un grand classique) : Yangon, Mandalay, Bagan, trek de Kalaw au lac Inle. A cela nous avons ajouté, Bago, Mawlamyine et Hpa-an (état Môn et Karens) loin des sentiers battus.
Yangon ou Rangoon (Myanmar).
Notre arrivée à Yangon est à l'image de nos appréhensions : à peine, l'avion a-t-il posé ses roues sur le tarmac que le pilote remet les gaz à fond et on redécolle aussitôt ; ignorant la cause (je ne comprends pas les propos de l’hôtesse) on se dit que l'avion n’a peut-être pas l'autorisation de se poser et que l'on retourne à Bangkok. Finalement, une demi-heure plus tard on atterrit ; en fait, c’est un zébu sur la piste qui nous a retardés : c'est tout de même un aéroport international ! Dictature militaire oblige, le passage à l'immigration est très pointilleux. On rejoint notre guesthouse "Mother land Inn" 13 dollars la nuit et on découvre la capitale du Myanmar sous une chaleur écrasante ; on est vraiment dépaysé : la majorité de la population porte le longyi (pièce de tissu enroulée autour de la taille comme un sarong). Les femmes et les enfants ont les joues maquillées avec du tanaka. On traverse le quartier indien (conséquence de la colonisation anglaise) ; il y a aussi un quartier chinois. Beaucoup d'échoppes se succèdent le long des rues. Les gens curieux, nous dévisagent ; on se rend compte qu'il y a très peu de touristes, contrairement à Bangkok ; la magie des sourires opère instantanément. Ici pas de retrait possible avec la carte bancaire ; il faut avoir sur soi tout l'argent nécessaire pour la durée du séjour ; il faut donc bien calculer avant l'entrée sur le territoire birman ; notre priorité est donc de changer des dollars et même des euros, en kiats (monnaie locale). Le change ne se fait pas dans une banque mais dans la rue (attention aux arnaqueurs) ; le plus recommandé c'est quand même dans la Guest-house qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ne se graisse pas les pattes au passage.
Nos premières impressions au Myanmar ne sont pas simplement de l'émerveillement, mais aussi une atmosphère, des odeurs, une hospitalité sans défaut et un véritable saut dans le temps.
La contrainte du voyage routard, c'est qu'à peine arrivé, il faut se préoccuper du déplacement suivant. Donc on réserve un vol pour Mandalay ; Jean-Jacques veut m'éviter 20 heures de bus de nuit. Ensuite on peut se rendre à la pagode (paya) Shwedagon, le sanctuaire le plus sacré du pays pour les bouddhistes birmans, un lieu que chacun rêve de visiter au moins une fois dans sa vie (on se rend compte du privilège que l'on a, alors que l'on n'est pas bouddhiste). On commence une longue série de " chaussage et déchaussage « et on comprend pourquoi ils portent des tongues ! On passe un bon moment avec un couple de jeunes mariés français Arnaud et Gwennaelle, parti pour un périple de 14 mois. D'ailleurs on croisera énormément de français ; il faut croire que c'est la destination à la mode ; ou plutôt, les français routards recherchent l'authenticité, et comme le Myanmar est un pays qui est resté longtemps fermé au tourisme, on n'est pas déçu.
Mandalay.
On s'installe à la Guest-house "Peacock lodge «à la périphérie de la ville ; on loge dans un bungalow avec clim, ventilo et salle de bain privative : le luxe, 21 dollars ! On part explorer ce nouvel environnement. Direction la colline pour admirer le coucher de soleil. Le lendemain, Nous faisons connaissance avec un couple de lyonnais, Lucia et Henri, avec qui on décide de partager les frais d'un "taxi bleu" pour une excursion à la journée dans les environs de Mandalay :
Paya Mahamuni : La statue du bouddha, vieille de plus de 2000 ans est recouverte de plus de 20 cm de feuilles d'or que seuls les hommes sont autorisés à coller ; les femmes ont seulement le droit de regarder et de prier (comme dans beaucoup de religions, elles sont impures !
Sagaing : Centre monastique important où on assiste au repas de centaines de moines. Alignés, en silence, munis d'un grand bol, d'une tasse et d'une serviette, imperturbables, ils attendent leur aumône distribuée par des laïques. On assiste au repas de centaines de moines
Inwa : Ancienne capitale du royaume birman, on y accède par bateau puis on se balade dans le site en calèche (impossible d'y échapper, les distances sont trop grandes) . Le plus remarquable, est un monastère en teck. Ici, on est très sollicité par les vendeurs de cartes postales mais cela reste bon enfant (philosophie asiatique) ; les refus sont toujours accueillis par un sourire ; ça nous donnerait des remords !
Amarapura : Au retour, on s'arrête au pont UBein : long de 1,2 km,posé sur plus de mille piliers en teck. Beaucoup de pêcheurs sont installés ; certains vont même s'immerger jusqu'au cou, pour être au plus près du poisson !
Le troisième jour : Avec les gones (argot lyonnais) Lucia et Henri nous déambulons dans Mandalay, nous imprégnant de la vie birmane : marché, visite d'ateliers de fabrication de feuilles d'or, de tongues...
Vivre au rythme du travail forcé
Dans tout le pays, la population vit au rythme du travail forcé, et doit participer à la construction de routes, de camps militaires, etc. Tout le monde est obligé d'y aller, que l'on soit rakhine, musulman, hindou ou chrétien. Chaque personne doit fournir au moins trois journées de travail par mois. Il y a beaucoup de femmes, plus que d’hommes, parce que la plupart des hommes doivent exercer leur métier ; leurs épouses ou leurs enfants doivent donc les remplacer. Ils les obligent à travailler, quel que soit leur milieu ou leur âge, y compris les enfants de sept ou huit ans et beaucoup de jeunes filles. Les soldats ordonnent souvent aux plus jolies de rester jusqu'à minuit, alors que normalement le travail se termine à six heures du soir. Ce n'est pas difficile de deviner pourquoi ils les gardent ! Mais, si elles sont violées, elles n'ont aucune possibilité d'en parler. Toute famille manquant à l'appel doit s'acquitter de 200 kyats (20,00 €) d'amende par journée de travail non effectuée (Salaire mensuel moyen d'un fonctionnaire : 34.00 €...
Bagan
Après quelques tergiversations, nous optons pour un trajet en bateau sur l'Ayeyarwadi, soit une croisière de 9 heures (ferry rapide) ; je dis bien croisière, car il y a un espace climatisé et un pont avec des chaises ; inutile de préciser qu'il n'y a que des touristes à bord (trop cher pour la population) . Le paysage est monotone mais on apprécie d'être sur l'eau, loin des routes poussiéreuses ; nous sommes toujours en compagnie de Lucia et Henri ; on s'apprécie bien ; Jean-Jacques qui est en cure de désintoxication forcée d'ordinateur, trouve un interlocuteur passionné aussi d'informatique. On avait réservé à Nyaung U dans un hôtel qui s'avère être une grande structure impersonnelle ; après avoir passé une nuit, on déménagera au "new heaven" 14 dollars la nuit, adresse très prisée des routards.
Pour visiter le site de Bagan, on a opté pour les vélos ; cela nous laisse une plus grande liberté que les calèches ; et puis il faut bien varier les plaisirs : Henri n'emploierait pas ce terme ! Lucia découvre avec joie qu'elle a encore l'équilibre, après plus de 20 ans de non-pratique. Le site est fabuleux ; sur 67 km2 4000 temples de toutes sortes : en briques, recouverts de stucs, dorés, monumentaux ou modestes et des bouddhas et encore des bouddhas assis, debout ou couchés ! Un, nous a particulièrement marqué : à une certaine distance, il sourit, c'est la place des femmes ; on se rapproche un peu, c'est la place des hommes, il a un air sévère ; tout devant, emplacement des moines, il parait très antipathique ; d'après une birmane qui nous a fait la visite, Bouddha est bienveillant avec les femmes (quand même !). Encore quelques coups de pédale pour se retrouver au grand rassemblement touristique de la paya Shwesandaw pour admirer le coucher du soleil. A cet instant les temples prennent une couleur dorée qui donne au site une atmosphère particulière.
Le mont Popa : haut lieu religieux pour les birmans ; c'est la patrie des 37 nats (esprits) 60 km de routes défoncées, on croise peu de véhicules à moteur, par contre les gens se déplacent en char à bœufs. A l'entretien et à la construction des routes,on voit exclusivement des femmes et des enfants ; on apprendra plus tard que ce sont des travaux forcés : chaque famille doit fournir des heures de travail au gouvernement (l'équivalent des corvées dues aux seigneurs au moyen-âge), comme les hommes doivent assurer leur emploi, ces corvées incombent aux femmes et aux enfants sous une chaleur torride. En cours de route, on s'arrête pour voir la fabrication artisanale de l'huile de palme et du sucre de palme. On découvre que les cacahuètes poussent à ras le sol, un peu comme les haricots verts.
On arrive au sommet du mont, par des allées couvertes envahies par des singes ; comme on marche pieds-nus, je vous laisse imaginer les slaloms qu'il faut faire pour essayer d'éviter les crottes.
Dimanche 7 novembre : Aujourd'hui ce sont les élections. Il faut vraiment le savoir car on n'a vu aucune affiche des candidats, pas de propagande électorale ; aucune effervescence bien que ce soit les premières élections depuis 20 ans : 3 partis en lice pour 3 fonctions (assemblée, sénat, régionale) ; ils n'ont une constitution que depuis 3 ans, votée par un référendum. En fait, les médias à l'étranger en ont plus parlé que les locaux. Toujours est-il que ce n'est pas la cohue devant les bureaux de vote ; vous me direz que c'est pareil en France, mais les raisons ne sont pas les mêmes ! Les birmans sont peu informés et comme ils sont fatalistes : ça ne changera rien, les résultats sont faits d'avance, ils ne votent pas.
Kalaw.
Nos routes se séparent avec Lucia et Henri. Debout à 3 heures du matin, montée dans le bus à 3h30 dans un bus local, donc bondé : 7 touristes pour une quarantaine de passagers ; les banquettes pour deux sont faites pour de petits postérieurs birmans ; pour nous c'est plutôt étroit ; Onze heures sur des routes défoncées, poussiéreuses, étroites ; lorsque par hasard, on croise un véhicule, le bus mord sur le bas-côté, sinon il roule au milieu car c'est plus roulant. Ce trajet nous permet de voir la campagne birmane verdoyante à cette époque de l'année, juste après la période des moussons et des scènes de vie rurale. Ensuite, on grimpe dans la montagne pour arriver à Kalaw d'où on partira pour un trek de 3 jours pour rejoindre le lac Inlé. A l'arrivée, les propriétaires de guesthouse attendent le chaland. On a choisi de suivre celui de 'Golden Lily" une famille d'origine indienne qui organise les treks.
On fait la connaissance de 2 anglais Jill et Rob qui seront nos compagnons de trek. On décide de passer la journée ensemble pour faire connaissance et chartériser un taxi pour explorer les environs. L'excursion commence mal, une demi-heure après notre départ, à la sortie d'un virage, une motocyclette qui doublait, arrive droit sur la voiture ; la collision est inévitable ; heureusement que la vitesse est modérée, mais le motocycliste est quand même sonné. Notre chauffeur nous laisse au bord de la route, pour soi-disant l’emmener consulter un médecin ; en fait, ils reviennent 10 minutes plus tard, le temps d'avoir trouvé un accord (pas d'assurance ici), loin des regards des touristes. On repart pour un grand marché où se côtoient les marchands traditionnels et les stands d'objets made in China qui attirent la population avide de modernisme. On croise des femmes de l'ethnie PAO reconnaissables à leur tenue vestimentaire : tout en noir bordé d'un liseré bleu et une sorte de turban rouge et noir posé sur la tête. Après cette immersion, nous prenons la direction de Pindaya; où se trouve un immense ensemble de pagodes et une grotte Shew oo Min remplie de milliers de bouddhas assis, couchés, debout, faits de matériaux variés. Sur le trajet du retour, on s'est arrêté voir une fabrique artisanale d'ombrelles en papier : quelle dextérité !
Trek de 58 km sur 3 jours Kalaw-lac Inle : (coût pour 2 personnes : 92€ hébergement, nourriture, guide, transfert des sacs à dos et traversée du lac en bateau)
Je suis un peu inquiète mais sans doute pas autant que Jean-Jacques car je n'ai jamais marché sur une telle distance ! Mais finalement, il en bavera autant que moi parce qu'une "tourista" lui tiendra compagnie pendant tout le trajet. Comme il dit, fort à propos, il vaut mieux que ce soit lui que moi ! Notre guide s'appelle Robins ; il est d'origine indienne et il connait bien son job ; tout au long du trajet, il nous fait découvrir la flore, les coutumes locales ; et il sait bien s'adapter au groupe qui est composé des 2 anglais plus 2 jeunes lettoniens Leïla et Yanis. Évidemment, l'anglais est de mise ; heureusement tout le groupe tient compte de ma lenteur de compréhension et les échanges sont très sympas ; Jean-Jacques arrivera à se mettre au diapason au moment de l'absorption d'une "médecine traditionnelle" : du rhum birman. Les repas sont préparés par un cuistot qui nous précède et ce sont de vrais festins. On traverse des villages, on rend visite à un chaman. Le soir, après une étape de 20 km, on est hébergé dans la maison du chef du village après une douche sommaire dans un mandi extérieur très vivifiant (nous sommes en montagne). Autour du repas, loin d'oreilles indiscrètes, notre guide nous parle d'une manière très critique de la situation politique du pays ; je m'accroche pour suivre la conversation. Couchés à 20 heures, debout à 5 h.
L'école est obligatoire, mais comme l’éducation est devenu un luxe en Birmanie, la plupart des familles pauvres envoient leurs enfants seulement à l’école primaire. Moins de la moitié des enfants poursuivent leur secondaire et la majorité ne termine pas ses cours. La pénurie de ressources éducatives est époustouflante : nombre d'écoles insuffisant, classes surchargées d’élèves, locaux insalubres, formation inadéquate des professeurs, grave pénurie de livres, etc... Il n’y a plus personne pour rédiger des manuels scolaires dans ce pays. Dans bien des cas, les enfants des minorités risquent leur vie à la sortie des écoles. C'est à ces endroits que les soldats de la junte militaire les « recrute » en échange d'une récompense. L'armée a besoin de bras ; on compte 70 000 enfants soldats dans ce pays et quelque 500 000 soldats pour mâter les minorités. Les militaires ont ainsi quasiment tué le système scolaire du pays. L'État consacre 1 % de son budget pour l'éducation et 45 % pour l'armée.
Après une première étape dans la forêt, nous parcourons une zone très rurale où l'on croise de nombreux villageois qui vont travailler dans les champs ; un extraordinaire panel de couleurs s'offre à nos yeux. A la pause de midi, je suis K.O. Et le trek n'est pas fini. L'après-midi, on s'arrête dans une école perdue au milieu de la campagne. Il y a 5 niveaux : les plus petits ont 3 ans ; ils sont assis et font déjà des travaux d'écriture ; ils alignent les caractères tout en rondeur de l'écriture birmane ; ils ne doivent pas perdre de temps, car la plupart terminent leur scolarité à 10 ans.
Pour notre deuxième nuitée, nous sommes hébergés dans un monastère tout en bois. Deux adultes encadrent 13 moinillons ; on assiste aux chants des moines ; en fait, chacun psalmodie à son rythme, à différentes hauteurs de sons et des timbres de voix singuliers ; ce n'est pas du tout harmonieux, c'est une drôle de cacophonie ! On se retrouve quatre groupes à dormir dans la grande salle du monastère où sont mises à notre disposition, des paillasses et des couvertures. A 5 heures du matin, tout le monde est réveillé par la première célébration des moines qui mettent tout leur cœur pour chanter : "pas question que vous, les touristes, vous fassiez la grasse matinée ! " Avant notre départ, on est reçu par le responsable du monastère auquel nous faisons une donation en échange de son hospitalité et il nous donnera sa bénédiction sous forme d'un bracelet auquel il fait 5 nœuds symboles des 5 préceptes fondamentaux du bouddhisme.
Au début d'après-midi, on arrive au lac Inle, à In Thein ; et là, c'est la cerise sur le gâteau, on prend un bateau pour une traversée d'une heure afin de rejoindre au nord du lac notre Guest house "Aquarius inn " où nos gros sacs nous attendent. Et là, le groupe se sépare après 3 jours de découvertes et d'échanges.
Lac Inle.
On avait prévu de commencer par une journée de repos, mais à notre arrivée, un couple de jeunes chinois nous a proposé de partager un bateau pour une journée d'excursion sur le lac, le lendemain. Comme on n'est pas en voyage pour se reposer, on accepte. De toute façon, une balade en bateau ce n'est pas très éprouvant. On découvre les villages avec leurs maisons sur pilotis, les pêcheurs avec leur technique unique au monde pour ramer : debout sur leur barque, utilisant une jambe pour manœuvrer la pagaie libérant ainsi leur bras pour utiliser le filet. Le batelier nous conduit à un marché, puis il nous emmène découvrir différents ateliers d'artisanats qui sont pour lui source de bakchich si on achète ; on visitera donc un atelier de tissage, une fabrique de bijoux en argent (je craque), une fabrique de cigares, les cheroots (quelle dextérité ! je craque aussi pour mes frangins). Il nous conduit à une boutique où se trouvent 3 femmes de l’ethnie Padaung (femmes-girafes) elles sont là pour se faire photographier par les touristes qui se sentent obliger d'acheter un bibelot ; ce côté voyeurisme nous dérange. Sur le parcours, on admire les jardins flottants ; puis on visite un monastère dont la principale attraction sont des chats sauteurs. Encore une journée bien remplie !
Après ces 4 jours, on fait la grasse matinée, 8 h du matin ; en Asie, l'activité démarre à 6h, dès le lever du soleil. Marché et internet sans grand succès car le gouvernement l'a bloqué en raison des élections.
On loue 2 vélos et on part explorer l'est du lac. On prend des chemins de terre, on traverse des villages où on redécouvre l'authenticité, en dehors des circuits touristiques. On arrive à un monastère à Thale U, compte-tenu de la chaleur, on décide de s'y attarder un moment. Un moine est en discussion avec 8 villageois. L'un d'entre eux qui parle un peu anglais, est délégué pour nous offrir du thé et des gâteaux. On sort les cartes : celle du monde pour situer notre pays et le Myanmar ; puis celle du trek qui les passionne parce qu'il y a des noms de villages qu'ils connaissent ; petit à petit les autres se sont rapprochés et on passe un bon moment. Avant de partir, on laisse la carte du Myanmar au moine ; ce cadeau semble le toucher. Au retour, on fait une pause chez le seul viticulteur du Myanmar, français ou allemand, qui produit des blancs, des rosés, des rouges et un vin liquoreux avec des cépages français et espagnols. On les apprécie. Puis on repart et si on zigzague un peu, ce n'est pas à cause de l'alcool mais des nids de poules qu'il faut éviter.
Un soir, alors que nous soupons dans un resto, le patron attire notre attention sur le poste de télévision ; la libération de Aung San Suu Ky est annoncée, d'une façon très sobre ; on imagine que cette information fera beaucoup plus de bruit dans les journaux internationaux.
Taunggyi (état Shan).
En pick-up, nous rejoignons Taunggyi, où se tient pendant une semaine le "air balloon Festival" ; c'est une grande fête qui a lieu une fois par an pour célébrer la pleine Lune. A l'occasion de cette fête, les gens, regroupés par corporations, fabriquent des structures en papier mâché qui peuvent prendre toutes sortes de formes (oiseaux, pandas, éléphants...). Dès la fin de l'après-midi, ils chauffent l'air à l'intérieur de la structure ; petit à petit elle prend du volume et commence à s'élever. Comme c'est aussi la fête des lumières, à la nuit tombée, ils accrochent des bougies. En fait, ces ballons emmènent les péchés des hommes dans l'espace ; avec plus ou moins de bonheur car quelquefois le ballon s'enflamme dès le départ ; inutile de vous parler des conditions de sécurité ; de toutes façons, s'il arrive quelque chose, avec leur fatalisme, ce sont les dieux qui l'auront voulu donc, ils n'iront pas se plaindre. Ils poussent même le risque jusqu'à faire partir des fusées de feux d'artifice d'une nacelle fixée sous le ballon. L'enthousiasme des birmans fait plaisir à voir. C'est aussi une immense foire avec des manèges manœuvrés à la force des bras (génial !) , de centaines de stands où l'on trouve de tout : des vêtements made in China, à boire, à manger, mais surtout des jeux où l'on peut parier de l'argent ; les birmans, les hommes bien sûr, comme beaucoup d'asiatiques, sont des joueurs impénitents ; compte-tenu de leur niveau de vie, les sommes qui circulent sont énormes. On s'est laissé tenter, sans succès. Les grandes marques de cigarettes ont pignon sur rue, avec une méga sono pour faire leur promo. On croise beaucoup de jeunes qui ont adopté la tenue occidentale : jeans et coiffures à la mode des groupes de rock asiatiques ; d'ici peu de temps, le longgyi aura vécu ! L'ambiance était extraordinaire ; un vrai bain dans la population birmane ; que de sourires échangés ; d'autant plus que les touristes se comptaient sur les doigts de la main.
Trajets de Taunggyi à Yangon, Bago, Mawlamyine (état Môn et Karens).
Debout à 5h30, 1 heure de taxi pour aller à l'aéroport de Heho (grand comme l'aérodrome de Saint-Just) ; dans l'avion, on se retrouve en petit comité : 17 passagers. Arrivés à Yangon, on prend un taxi qui nous emmène à la station de bus pour aller à Bago (80 km). On avait prévu de passer une nuit, mais on se dit qu'une semaine sera nécessaire pour parcourir la région de Mawlamyine ; on zappera le rocher d'or de Kyaiktiyo (il faut bien faire des choix) Donc après avoir réservé un bus de nuit, en prenant soin de préciser qu'on le souhaitait confortable et avoir payé en conséquence, nous louons les services d'un guide qui nous balade au marché puis dans un monastère ; ensuite nous allons nous mesurer au shwethalyaung ou Grand Bouddha couché érigé en 994, long de 55 m et haut de 16m. Puis nous rendons visite à la pagode des quatre bouddhas. Je dois reconnaître que l'on sature un peu et la fatigue se fait sentir. On rejoint la station de bus où l'on attend 2 heures dans la poussière et la sono mal réglée ; on voit arriver les bus de différentes compagnies, dans des états de délabrement variés ; je rêve devant ceux qui paraissent corrects ; mais je ne me fais pas d'illusion (souvenir du Pérou) et effectivement le plus pourri est pour nous.
Pour une première expérience de bus de nuit, ça promet ! Miracle, la climatisation marche ; c'est appréciable car après notre étape montagne, on craint vraiment la chaleur moite. Dommage c'est la seule chose qui marche. Tout d'abord, on se rend compte que les phares ne fonctionnent pas : très embêtant la nuit, même s'il n'y a pas beaucoup de circulation ; ouf ! le chauffeur adjoint, couché sous le tableau de bord, arrive à donner un peu de lumière en joignant 2 fils électriques. Une heure plus tard, à l'avant, se profile une charrette tirée par des zébus ; on arrive vraiment vite sur elle, le chauffeur l'évite en donnant un coup de volant ; on comprend alors qu'il n'y a plus de freins ! D'ailleurs en utilisant le frein moteur, le chauffeur parvient à immobiliser son véhicule ; un passage sous le bus et il redémarre pour s'arrêter dans un village un peu plus loin d'où il pourra téléphoner à son patron. Tout le monde descend, donc on suit le mouvement. En fait, on doit deviner, car nous sommes les seuls touristes et aucun passager ne parle anglais. D’ailleurs, tout le monde a l'air ennuyé pour nous, et ils sont aux petits soins ; le patron du bistroquet m'apporte un tabouret puis nous offre une tasse de thé. On a aucune idée de la durée de la situation ; mais eux non plus. On est épaté par leur calme et leur docilité ; chez nous, il y aurait déjà eu une manifestation, une pétition ! Toujours est-il que pour moi, avec la fatigue, ça été un moment difficile que Jean-Jacques a eu du mal à comprendre. Au bout d'une bonne heure, un autre bus arrive ; on pense qu'on va être transférés pour poursuivre la route ; hé ! bien non ! Il a apporté une pièce (certainement pas neuve) pour réparer. C'est vraiment le système D et il faut leur tirer notre chapeau ; n'étant pas dans une société de consommation, ils sont des mécaniciens hors-pairs ; mon frère Didier, qui est mécano, regrette l'évolution de son métier où la politique est de changer les pièces plutôt que de les réparer. Donc on a repris la route (pas vraiment zen en ce qui me concerne). Jean-Jacques a eu la chance d'apercevoir dans l'obscurité, un éléphant avec son cornac ; je lui ai quand même demandé s'il n'était pas rose car c'est le seul que l'on ait croisé dans ce pays où il est en voie d'extinction.
A 4 heures du matin, le bus s'arrête devant un pont ; on doit attendre 6 h (le lever du soleil) pour le franchir ; tous les passagers descendent, pour un rigoureux contrôle d'identité par des soldats armés de kalachnikov ; ce ne sera pas le seul, dans cette région frontalière avec la Thaïlande, où de nombreux rebelles Karen se cachent.
En ce qui concerne les minorités, elles n’existent plus au sens juridique du terme. D’ailleurs, le journaliste Antoine Spire, du mensuel Chronique d’Amnesty International, dressait (en 1997) un constat très noir de la situation en Birmanie : « Dans les montagnes, les villages sont incendiés, les récoltes et réserves alimentaires brûlées. L'armée se livre à des séances publiques de torture pour précipiter les soumissions des villages. On assassine des prêtres, on tire dans les mosquées, on viole femmes et fillettes, on enlève les enfants. Les bombardements aériens, l'artillerie et les mortiers sont utilisés à tout-va. Les habitants survivants sont tués froidement, brûlés vifs. Il s'agit là véritablement d'un génocide. Les nombreux camps de concentration réservés à "l'abattage des ethnies" témoignent de l'ampleur du drame. Sur la seule frontière birman-thaïlandaise, vingt-cinq camps renferment les restes de 80 000 Karens. Des milliers de femmes et d'enfants auraient été envoyés aux travaux forcés ».
Mawlamyine loin des sentiers battus.
On prend un trishaw à moteur pour rejoindre une guesthouse que l'on avait fait réserver, car les hébergements pouvant accueillir les touristes sont rares dans cette ville ; en effet, au Myanmar, les établissements doivent obtenir une autorisation du gouvernement et payer des taxes ; comme peu de touristes se rendent dans cette région, c'est un peu problématique ! Donc à notre arrivée, pas de réservation ; mais par chance, il reste une chambre à 13 dollars ; on paie une nuit d'avance sans réfléchir. Erreur ! la chambre s'avère être un placard : pas de fenêtre, il fait quand même 40 degrés, et un couchage très sommaire ; et à travers les cloisons, on entend les autres occupants cracher à qui mieux-mieux, et bien sûr WC/salle de bain à l’extérieur. Là, la coupe est pleine ! Jean-Jacques me dit "c'est mieux que de coucher dehors" (quoique ...), mais il y a quand même des limites. On laisse nos gros sacs et on part à la recherche d'un plus acceptable car le rapport qualité-prix laisse vraiment à désirer. On trouve un hôtel flambant neuf au nom mirobolant de " Cinderella " 30 euros la nuitée, on va exploser notre budget, mais il n'y a pas photo ; c'est le grand luxe et comparer à une prestation similaire en France, on en aurait pour au moins 120 euros ; le personnel, nombreux et très courtois est tout à notre service, car il n'y a personne. Ça fait passer toutes les péripéties du trajet.
On est retourné chercher nos sacs ; comme par hasard, une chambre avec salle de bain s'était libérée pour l'après-midi. Ne nous ayant pas convaincus, il nous a remboursé sans qu'on le lui demande ; c'était très fair-play : on ne verrait pas ça chez nous ! Ce problème réglé, on part à la découverte de la ville. On est dérouté ; l'ambiance est étouffante bien que l'on soit au bord de la mer d'Andaman. On ne retrouve pas le sourire birman ; la population est plutôt indienne et musulmane. On se demande ce que l'on est venu faire dans cette région où on peine à obtenir des renseignements car personne ne parle anglais et où l'on sent la population méfiante.
Après une bonne nuit de sommeil, c'est un nouveau jour et nous avons un autre regard. Motivés, on se rend au marché et on trouve un trishaw pour nous emmener à la pagode de Nawlabo, au nord de Mawlamyine. Il nous pose vers un pont et nous pilote vers un pick-up qui nous dépose vers un porche. On comprend qu'il faut attendre là pour monter à la pagode. On partage ce moment avec quelques locaux ; je leur montre des cartes, des photos de famille et du lonely planète. Ils m'apprennent quelques mots birmans ; ils s'amusent beaucoup ! Une musique se fait entendre : c'est une procession ; pour la pleine lune, les villageois font des donations au monastère : argent, vaisselles et le dernier cri, ce sont des objets en plastique. En échange, les moines offrent un repas gratuit. Nous sommes conviés mais le camion-benne qui doit nous monter au sommet de la montagne nous attend. Après un parcours très chaotique, nous arrivons à une réplique du rocher d'or, 3 rochers en équilibre, moins touristique que celui de Kyaiktiyo mais le site a beaucoup de charme et une vue imprenable.
Comme il est encore tôt lorsque nous revenons à Mawlamyine, nous montons sur la colline aux pagodes. Il y a foule car c'est la fête des Lumières. Des enfants nous entourent et nous demande de les prendre en photo. Ils sont de plus en plus nombreux ; leur plaisir est de se voir sur l'écran de l'appareil ; je cherche un moyen de prolonger le contact et je commence à dessiner sur mon carnet dans l'espoir de les inciter à y laisser une trace, puis j'écris mon nom. Ils sont réticents par contre ils me font comprendre qu'ils veulent que je leur donne un dessin ; je fais choisir à chacun celui qu'ils désirent ; seuls les éléphants les intéressent, debout, couchés, paradant (ha ! Vous ignoriez ce don ... moi aussi !) Je suis submergée, même les adultes s'approchent, amusés, pour me voir à l’œuvre. Je suis obligée de mettre un terme à cette séance sinon j'y serai encore. C'était un pur moment de bonheur et c'est bien pour ces rencontres que j'accepte les galères du voyage. Encore un magnifique coucher de soleil. On va faire un tour sur la fête où on est l'attraction. Que de sourires ! Les jeunes nous abordent pour nous prendre en photo avec leur téléphone portable même si on est vieux pour eux ; on représente le monde occidental, on est une fenêtre !
Direction vers la colline de Yadana (Yadanadaung) pour une surprenante rencontre avec la plus grande statue de Bouddha couché du monde (Win Sein Taw Ya) qui mesure 180 mètres de long, 30 mètres de haut ; précédent le bouddha, on longe une immense allée bordée de statues de moines en plâtre, c'est vraiment kitsch. On peut pénétrer à l'intérieur de la statue de Bouddha qui contient dans son corps labyrinthe, des fresques et des statues de taille humaine représentant les étapes de la vie de bouddha sous forme de petites saynètes, style musée Grévin. On apportera notre contribution pour la décoration de la statue, don dument consigné avec remise d'un reçu. Une rivière borde le site, un plan d'eau est aménagé avec des toboggans : on se croirait à Carré d'eau ! sauf que les jeunes se baignent tout habillés.
On a quelques difficultés pour trouver un moyen de transport pour rentrer ; c'est un jour férié ; on est pris en main par une femme birmane qui s’évertue à marchander pour que l'on paie le prix local. Et en fin de compte, c'est elle qui paie notre trajet, malgré nos protestations. Après une bonne douche, on décide de retourner à la fête ; sur notre chemin, on croise une procession d'indiens qui célèbre aussi la pleine lune. Dans un quartier, on assiste à une représentation de théâtre traditionnel ; un conteur et des solistes racontent la vie de bouddha accompagné par un orchestre de percussions ; le rythme et les sonorités font penser à la musique traditionnelle chinoise. Ça n'attire pas les locaux qui préfèrent la musique moderne.
Hpa-An (état Kahin).
On quitte notre palace. Houlà ! ça va être dur ! Deux heures de bus pourri mais ne nous plaignons pas, il roule. On avait projeté de faire le trajet en bateau mais on n'a pas réussi à se faire comprendre pour trouver l'embarcadère et les horaires. On arrive dans une région montagneuse qui, avec ses pitons calcaires, nous fait penser à la baie d'Along terrestre du Vietnam, même si nous n'y sommes pas allés. La végétation est tropicale et la chaleur me fait regretter le lac Inle.
Afin d'optimiser le temps qu'il nous reste, on prend un tuktuk pour découvrir les curiosités des environs. Dans cette région, on ressent vraiment la pression militaire : soldats armés de mitraillette, contrôles d'identité, même s'ils sont faits avec le sourire pour nous touristes ; d'ailleurs les locaux sont très surpris de nous voir voyager seuls, hors tour-operator et sans guide. Donc, nous découvrons la grotte de Kawgun aux parois extérieures gravées d'une profusion de tablettes votives et représentations bouddhiques anciennes et bien sûr ses bouddhas ; plus loin c'est le jardin aux milles bouddhas ; ensuite un monastère dans un cadre surprenant et grandiose. Nous finirons par un village au milieu des rizières.
Là, ça y est, j'ai ma dose de découvertes. J'ai envie de retrouver mon univers, mon confort, mes habitudes ; vraiment je n'envie pas Christian et Sylvie qui vont repartir pour un an, l'année prochaine. Moi à petites doses, ça me suffit.
Retour sur Yangon.
Le trajet-retour est plus cool que l'aller. On retourne pour 2 jours à la Guest-house de notre arrivée ; et on retrouve Arnaud et Gwenaëlle. Après un mois, notre vision de la capitale a changé : on a pris des repères.
Une semaine en Thaïlande.
Arrivés à l'aéroport de Bangkok, on enchaine avec un vol sur Phuket pour une semaine de farniente pour me faire plaisir. Même si on s'y attendait, c'est le choc culturel : circulation, grosses et belles voitures, beaucoup de touristes (différents de ceux que l'on a croisés au Myanmar) ; bref la côte d'Azur. Ça ne me réussit pas ! J'arrive, malade ; moi qui en avais réchappé tout un mois, j’ai une tourista maison ; je suis liquéfiée. Il me faudra 4 jours pour m'en remettre ; heureusement qu’on avait prévu de faire les larves. Je passe une grande partie de la journée dans la chambre climatisée puis on se traîne jusqu'à la plage, sous un parasol. On apprécie la baignade dans une eau à 30 degrés : pfut, ça ne rafraîchit même pas ! Et dire qu'à Bourg, il neige, il gèle ! On croise beaucoup de couples singuliers : l'homme, de type européen, d'un certain âge, et la femme, thaï, très jeune. Sans commentaire !
Retour sur Bangkok où l'on fait du shopping dans les immenses centers ultras modernes et le marché du weekend Chatuchak ; on se déplace en bateau en skytrain, en bus. Ce weekend est particulier, les thaïs fêtent l'anniversaire de leur roi (83 ans) en grande pompe. Toute la ville pavoise en jaune et les gens portent des teeshirts roses ; défilés et diverses manifestations sont programmés ainsi qu'un feu d'artifice dont nous ne verrons que quelques fusées car nous sommes sur la route de l'aéroport. Compte-tenu du trafic intense prévu, nous avons réservé un taxi assez tôt pour être sûr d'être à l'heure. Finalement nous arriverons bien trop tôt car il n-il n’y a pas de circulation et en plus on est tombé sur Fangio ; notre chauffeur roule à tombeau ouvert ; Un dernier coup de stress avant notre retour !
Conclusion.
Le Myanmar est un pays qui ne laisse pas indifférent ; ses habitants sont attachants : leur silhouette drapée dans les longyis, les visages maquillés de thanaka et par-dessus tout, les sourires venant du fond de l'âme. Une jeune génération avide de modernisme, délaissant le longyi traditionnel pour les jeans, écoutant de la musique techno. Des pagodes avec des milliers de marches à gravir, des stupas, des bouddhas assis, debout, couchés, des nonnes et des moines aux sourires énigmatiques et au regard insondable. Des moyens de transport variés : tuktuk, trishaw, vélos, calèches, pick-up, taxis, bus pourris, benne à camion bateaux, avion. Le seul pays d'Asie où la circulation est à droite (pour se démarquer de la colonisation anglaise) mais les véhicules ont le volant à droite (importation des autres pays d’Asie) ; pas sécurisant pour doubler.
Il faut savoir que le Myanmar est une des dictatures militaires les plus dures au monde. La junte, au pouvoir depuis plus de 40 ans, se rend coupable de mise au travail forcée, de déplacements de population, de torture, etc. Les entreprises étrangères présentes sur place sont, la plupart du temps, obligées de s'associer au gouvernement pour pouvoir y faire affaire. Il faut bien se renseigner avant le départ et boycotter autant que possible les structures d'état (hôtels de classe internationale, agences d'état) dont l'argent sert à renflouer la dictature.
Un pays qu'il ne faut pas laisser fermer car même si cela permet aux touristes que nous sommes, de découvrir de l'authenticité, les habitants, eux, subissent toute l'année les exactions et les brimades du pouvoir.